Vous connaissez pour certains mon intérêt pour ces enceintes à membranes plates. Mes parents en avaient quand j'étais jeune, et quand j'ai pu mettre la main dessus, je suis tombé dans la marmite... Je vous propose un sujet dans lequel je vais parler de ces enceintes, d'abord de façon générale, puis ensuite présenter plus en détail les 4 modèles que je possède.
Histoire :
Ces enceintes furent commercialisées au début de l'ère du CD pour surfer, d'un point de vue commercial, sur l'ère du son numérique et de sa haute qualité vantée à cette époque.
On peut considérer qu'il y a trois catégories d'APM :
- les APM à 1 chiffre (APM-4, APM-6, APM-8...) sorties assez tôt (en 1980), sont clairement orientées très haut-de-gamme, elles portent le label "ESPRIT". Tous les descriptifs sonores qu'on peut en trouver sont élogieux.
Une particularité de ces enceintes est qu'elles ont toutes un boomer "quadrimoteur", qui reprendra aussi la 77. - les APM à 2 chiffres (APM-20ES, 22ES, 33W, 55W, 66ES, 77W) qui sont plus accessibles (enfin... presque), et plus récentes (vers 1984/85) mais toujours d'excellente facture. J'exclus de cette liste les APM-10ES et xx-ESG plus sorties plus tard qui ne sont pas à la hauteur de la fabrication des précédentes.
- les APM-500 et 700 sont aussi sorties en 83/85. Elles offrent un rapport Q/P excellent, avec toujours une bonne finition et ces HP plats bien motorisés. Ce sont les versions plus "grand-public" des précédentes, venues étoffer le catalogue de 1984 avec des modèles plus accessibles financièrement. Ces enceintes suivent dans le temps les "SS-X300", qui s'appellent "SS" (normalement désignant les HP classiques !). Quand on regarde les specs, ces SS-X300 utilisent les HP de l'APM-700 dans la boite des APM-500...
- les APM-ESG, proposées sur les catalogues allemands vers la fin des années 80, qui ne gardent que le boomer APM, mais reprennent des HP classiques pour les autres voies (medium conique et tweeter à dôme) : APM-44ESG et APM-66ESG, mais aussi les 22ES-II. Elles doivent rester, par les chiffres affichés, de bonnes enceintes, mais on commence à perdre l'esprit des APM...
- les autres, sorties plus tardivement avec un objectif "d'optimisation" de la fabrication. afin de toucher un public toujours plus large... Je n'ai pas eu l'occasion de les essayer, mais pour avoir vu des photos des caisses et des HP de certains modèles, je ne suis pas certain qu'elles égalent leurs grandes soeurs. C'est le cas en particulier des APM-10ES que j'ai eu chez moi qui font vraiment "légères" comparées aux autres de la même taille (20ES, 700 pour ne parler que de celles que j'ai).
Puis j'ai eu la chance de trouver une paire de 66ES acquise à prix honnête, mais dont j'ai du refabriquer les suspensions, et j'ai complété depuis cette quête avec des 22ES puis des 20ES.
Les APM pouvaient être déclinées en fonction de marchés ciblés. Certaines n'ont été vendues qu'au Japon, d'autres étaient destinées à l'export en Amérique du Nord ou l'Europe. Les 66ES par exemple ont évolué dans l'espace et le temps (voir message suivant).
Les versions les plus anciennes des APM avaient les HP suspendus par de la mousse en polyuréthane, très souple, dont le défaut connu est de se craqueler dans le temps, jusqu'à tomber en poussière. Ce fut le cas pour mes 700 et les 66ES. Les versions les plus récentes des APM furent toutes suspendues avec un genre de caoutchouc, beaucoup plus résistant dans le temps. C'est le cas des 22ES et 20ES que j'ai chez moi. Dans le cas précis des 66ES, les premières produites avaient de la mousse, puis Sony changea la recette et utilisa du caoutchouc pour les dernières produites (à partir des n° de série 800440 pour les USA et 302600 pour les autres versions (Europe, etc...)
Certains modèles ont été vendus avec l'appellation "AV". C'est le cas des 20ES, 22ES et 66ESG qui ont été déclinées dans cette configuration. Ces modèles étaient protégées d'éventuels rayonnements électro-magnétiques provoqués par les puissants téléviseurs cathodiques d'alors, afin que les enceintes ne soient pas perturbées tout en restant proches de la TV.
Au début des années 90 Sony a décliné plusieurs gammes de ces enceintes APM, une pour l'Amérique du nord, une autre pour l'Europe, mais avec une qualité de finition en baisse : moteurs moins performants, seul le boomer est plat, caisse plus légère... On considère en général que la 66ES mk2 est la dernière "vraie" APM.
Sony proposait des pieds pour tous ces modèles, quelque fois repris des modèles "SS" (les enceintes à HP classiques de Sony). Les pieds que j'ai sur mes 66ES sont un peu bas et semblent être le modèle prévu pour les 77 dont les caisses sont plus hautes. J'envisage de rehausser tout cela d'une vingtaine de cm.
Voici un extrait du catalogue allemand de Sony en 1987, qui offre un bon panel de ces enceintes :
Ces APM-4 qu'on voit sur le document précédent représente mon graal...
Les specs correspondantes (auf deutsch, mais cela reste compréhensible pour les paramètres techniques) :
Pour vous donner une idée des stratégies commerciales de l'époque chez Sony, voici la brochure de la même année aux USA :
Au sujet des specs justement : les infos glanées sur le net indiquent que ces enceintes ont un rendement moyen de 90dB/W/m (89 pour les 20ES, 91 pour les 33 et 55, ...).
On voit qu'en Europe on propose un large éventail, du top-audiophile jusqu'à des déclinaisons de ces enceintes qui commencent à perdre leurs HP plats. Alors qu'aux USA on reste à deux modèles des origines, dont la meilleure version des 66ES (parait-il, mais il faudrait que je me trouve une version MKII des 66 aussi... )
L'écoute :
J'ai essayé ces enceintes avec divers amplis au cours des années :
- Nikko NA-550
- Aiwa P50
- Aiwa p22
- Pioneer A-X450
- Technics SE-A808
- Cochet AL-un-A
Ce sont des enceintes qui gardent en tout cas le rendement dans les basses ! Pour un ensemble de jazz par exemple, ou de l'orgue, le grave est reproduit avec beaucoup corp et de profondeur. Mais cela peut s'avérer défavorable sur la musique moderne ou revue à la "loudness war", où ça devient potentiellement baveux. Par exemple certaines rééditions des disques de Pink Floyd passent mal sur ces enceintes, sauf à réduire les basses avec les corrections de l'ampli. Dans mon salon, pour les 66ES j'ai installé un égaliseur que je n'active que pour les disques de ce genre, il reste éteint pour les musiques bien enregistrées et les vinyles. Dans mon bureau, où j'utilise les 20-ES il m'arrive d'activer les Beovox S30 (closes et ne descendant qu'à 49Hz contre 40Hz sur les Sony) pour avoir un grave à nouveau propre.
Les medium et aigûs sont aussi très bon à mes oreilles. Ces tweeters plats font merveilles selon moi, même si avec certains ampli il m'est arrivé d'utiliser le potentiomètre d'atténuation de l'enceinte (Pioneer A-X450 dans mon cas).
J'écoute actuellement les 66ES sur le Cochet dans le salon, les 700 sur le Pioneer A-X450 toujours dans le salon (système video et mp3 pour les enfants), les 22ES sur l'Aiwa P50 dans la chambre et les 20ES sur le Nikko NA-550 dans mon petit bureau.
Quelques photos de ma petite famille d'APM :
De gauche à droite : APM-66ES, APM-22ES, APM-20ES, APM-700.
La mini-enceinte de droite est là pour le fun : datant des années 90 elle est aussi à membrane plate !! Sony avait proposé des enceintes portables pour accompagner ses baladeurs CD.
A suivre...
_________________________________________________________
Sources pour cet article :
- http://www.thevintageknob.org
- https://www.hifi-archiv.info/sony.html
- http://www.soundoddity.com/fr/Projets.html (fabuleux travail de Romain sur des APM!)
- https://audio-heritage.jp/SONY-ESPRIT/s ... index.html (traduction automatique en anglais)
- https://www.hifiengine.com/manual_libra ... ries.shtml
- https://www.sony.onl/hifi/luidsprekers/1980-1985 et https://www.sony.onl/index.php/hifi/lui ... /1986-1990